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Slogans de campagne - Présidentielle 2017

20 Avril 2017 , Rédigé par RGR Publié dans #Pensées d'un homme du monde

L’exercice des slogans est toujours passionnante et reflète une certaine idée des volontés exprimées ou non par les candidats. Offrons nous un petit tour des slogans de gauche à droite avec quelques remarques !

Philippe Poutou  (NPA) « Nos vies pas leurs profits »

Ce slogan vous parle ? Souvenez-vous 2007 Olivier Besancenot représentant la LCR l’avait déjà sous la forme « Nos vies valent plus que leurs profits ». Absent en 2012 le revoilà en 2017. Quand je regarde ce que j’avais écrit il y a 10 ans sur ce même slogan je ne vois pas grand-chose de changé... Conception binaire du monde « la vie » [des travailleurs exploités] d’un côté et « leur profit » [des capitalistes qui marchent sur la condition humaine]. Dès lors on s’adresse à un camp, c’est une candidature communautariste qui va chercher à aller taper une autre communauté qu’elle trouve injustement favorablement traité.

Forme : phrase courte et choc : un excellent ingrédient pour un slogan que l’on retient et que l’on pourra rythmer en campagne. Toutefois en définissant un positif et un négatif, ceux se retrouvant dans le négatif ne pourront jamais adhérer…

Figure de style : oxymore

Conclusion : On est très loin d’une « gauche » qui voudrait vivre en société en mettant les gens ensemble face à une droite qui ne saurait vivre que dans le communautarisme, mais visiblement l’union n’est pas le message politique voulu par ce candidat ! Ce candidat donne une réponse militante et désigne les ennemis. Il se situe donc finalement le plus à gauche. Très beau slogan donc définissant très bien le programme du candidat en peu de mots.

 

Nathalie Arthaud (LO) : « Une candidate communiste à l’élection présidentielle / Faire entendre le camp des travailleurs »

Là encore le recyclage se présente puisqu’en 2012 le premier slogan était exactement identique. Les électeurs n’évoluent donc pas ? Ce Slogan me semble dramatique, on voit que l’objectif était de participer, d’arriver au fait de participer. Si le mot communiste implique des jeux lexicaux forts, ce slogan demeure bien vide. Il n’y a aucune accroche permettant de montrer un programme ou une direction, à moins que le mot communiste suffise, mais dans ce cas pourquoi y a-t-il trois candidats se réclamant du communisme différent. La seconde version faire entendre le camp des travailleurs donne un bon air ancien d’Arlette avec le mot « travailleurs » judicieusement placé à la fin, même si l’on peut se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’un slogan de campagne syndicale. Ce slogan me semble donc le plus loupé en raison d’une vacuité de sens et d’ambition.

Figure de style : La synecdoque

 

Jean Luc mélenchon (Front de Gauche) : « La force du peuple »

Vous souvenez vous du « prenez le pouvoir » précédent ? Si l’on s’éloigne de plus en plus des champs lexicaux de combat habituels dans cette catégorie de partie, il se pourrait que le parti se voit désormais capable de faire adhérer au-delà de son électorat de base. Bien sûr il reste un soupçon de velléité révolutionnaire avec le rappel à la notion de force et une dose de grand soir avec les mots peuples et force si proches dans la phrase, mais le tout dégage tout de même un côté nettement moins violent que d’autres slogans passés. De même la couleur du sang a disparu et fait place à un ciel marin plus serein.

Forme : juxtaposition de mots au sens très puissant et identitaire mis dans un écrin de douceur rassurante

Figure de style : hyperbole

Conclusion : On est très loin d’une « gauche » révolutionnaire. Notre candidat s’assagit et va probablement allez au-delà de la simple base communiste grâce à ce virage vers le marketing ! (mais n'est ce pas également perdre son âme et choir de plus haut?)

 

Benoit Hamon (PS) : « Faire battre le cœur de la France »

Tout d’abord il faut signaler le verbe utilisé en tout début de slogan. Ce « faire » en début de slogan pour un homme politique me parait lourd de sens. On sait que le personnage et l’aile socialiste qui le soutient n’a pas été tendre avec le pouvoir sortant pourtant du même bord en théorie et qui présente par ailleurs un autre candidat ayant été au gouvernement. Ce « faire » me semble tout à la fois un acte courageux pour un politique et un énorme pavé dans la mare de Messieurs Hollande, Valls et Macron. Faire tout ce qu’ils ont été incapable de réaliser pendant 5 ans justement. Vient ensuite un second verbe également à l’infinitif : « battre ». ne voyez-vous pas une puissance cachée dans ce slogan ?

Le cœur va permettre de raccrocher l’image d’Epinal du socialisme (souvenez vous du « vous n’avez pas le monopole du cœur ») et bien sur la France pour un parti qui se vent le premier parti de France sortant cela semble cohérent.

Figure de style : allégorie

Forme : phrase formée de verbe et de compléments qui permet de situer le candidat dans l’action

Conclusion : au-delà d’une apparence neutre et presque banale en première approche il me semble que ce slogan veut dire beaucoup plus de chose qu’il n’y parait et qu’il appelle déjà à un second tour voire à un début au sein du courant qu’il représente. Un peu comme si le deuil de la victoire était déjà fait mais qu’on cherchait un cap pour le futur. dur de trouver une dynamique de vainqueur !

 

Emmanuel Macron (PS/En Marche) : « La France doit être une chance pour tous »

Forme : Seule phrase complète avec un sujet un verbe et un complément, il y a donc un qui et un quoi

Tout commence avec « la France », comme pour son parti père, il faut une référence nationale rassurante. Ici choisi en début de phrase, le mot donne une solennité immédiate pour un candidat qui en cherche. Vient suite le verbe devoir, sacré verbe on sait qu’il n’est pas vraiment le point fort des mentalités sociales actuelles qui ont plutôt tendance à voir des droits que des devoirs. Fort habilement il est dirigé sur la France et non sur des individus, de fait c’est la France qui doit pour que les Français soient en droit d’attendre quelque chose. Joli exercice de style qui rassure l’individu qui peut attendre un droit en toute tranquillité sans risque d’avoir un devoir en contrepartie. La suite me semble plus obscure : « être une chance pour tous » Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Si le « pour tous » fait probablement référence à l’égalité de notre devise (je ne saurais penser qu’il fait réminiscence au mariage - pour tous- qui a été la seule action concrète du gouvernement précédent qu’il a longtemps accompagné), j’ai beaucoup plus de mal à trouver un sens à la partie centrale. Avoir de la chance peut se comprendre, être une chance pourrait éventuellement se référer à une opportunité que l’on choisit de saisir mais cette notion d’opportunisme n’irait alors pas du tout avec le devoir qui le précède. A moins qu’il ne s’agisse juste d’une formule sans sens profond et volontairement flou (qui a dit comme son programme ?) permettant au Favori de juxtaposer des mots généralistes contenant vaguement les valeurs communes.

Figure de style : topos

Conclusion : Pour le candidat favori, il ne faut pas heurter, ce slogan me semble tout à fait bâti pour une neutralité évitant de fragmenter. Probablement que ce candidat aurait même préféré ne pas en faire du tout car celui-ci n’est pas marquant ou signe de quoi que ce soit en direction. La faiblesse du favori ne voulant rien risquer dirons-nous.

 

Jacques Cheminade : « libérons nous de l’occupation financière »

Rappelez-vous il y a 5 ans ce candidat très concret dans ses propositions était déjà sorti de son silence et le revoilà. Après avoir appelé à voter Hollande il y a 5 ans, ce candidat souhaite déverrouiller la France. Si le slogan commence également par un verbe il est ici conjugué. Si au PS on donne des idées, chez Jacques on souhaite agir tous ensemble. Il y a 5 ans le slogan était lié au personnage, ici il se démarque et se bat en ennemi de la Finance tout comme son mentor d’il y a 5 ans. Plus petit candidat en termes d’intentions de vote, Fait-il le Jacques ?

Conclusion : déterministe dans la désignation d’un ennemi, ce candidat semble jouer sur le courant des idées et des projets, ce qui semble suicidaire pour un « petit » candidat qui joue au contrainte habituellement sur un segment précis de l’électorat. Le créneau anticapitaliste étant largement représenté on  peut se demander si la stratégie est la bonne.

 

Jean Lassale : « je veux retaper la France »

Seul vrai candidat centriste, ce candidat s’est mis en marge de son leader changeant Bayrou pour mener sa barque seul. Et comme cela semble difficile ! Son électorat semble avoir été aspiré par un autre qui était pourtant au gouvernement lorsqu’il était dans l’opposition. Le slogan fait preuve de bonne volonté mais ne semble pas décoller. Le « je » me semble bien maladroit de même que l’utilisation du verbe « retaper ». il manque de conseiller en communication à notre idéologue centriste pour faire passer un message.

Conclusion : Slogan loupé pour une occasion loupé. Son leader se rêvait 3eme homme il y a quelques années, le coche est encore passé pour ce parti qui s’est fait kidnapper par « en marche ».

 

François Fillon : « Une volonté pour la France »

Evidemment « le courage de la vérité » qui avait fonctionné pendant la primaire en a pris un coup dans l’aile ! Et on peut aussi imaginer qu’en tant que prétendant à la victoire finale il fait bon avoir le mot France dans son slogan. Une fois ceci passé, il reste la volonté. Certes le programme est celui qui est l'un des plus apprécié par les économistes, mais dans cette campagne qui se soucie encore du programme ! Il faut donc montrer un élément de caractère et le candidat parle de volonté qui se mettrait au service de la France à contrario de ce que l’on a pu voire depuis, 1-ah non 2- à non en fait 3- oups 4, rhoo 5 présidents…  Si l’intention est louable comment peut-elle être entendue ?

Figure de style : hyperbole

Conclusion : une campagne tellement polluée par des affaires de justice que tout discours même censé devient inaudible. A l’heure du bilan nul doute que son partie saura lui faire rappeler que c’est bien lui qui aura fait perdre une élection gagnée d’avance au nom de cette volonté….Candidat d'un autre temps aux méthodes d'un autre temps.

 

Nicolas Dupont-Aigan : « ni système ni extrêmes »

Candidat récurrent depuis des années, il me semble voir sur les piles de pont des affiches bleuies avec les mêmes rengaines et les mêmes idées. Le « ni- ni » quand on est proche des extrêmes est un sujet à manier avec précaution, et j’avoue ne pas trop comprendre le sens de ce slogan. Veut-il dire qu’il n’est ni pro système si extrême, mais alors s’il n’est pas pro système il est anti système et il devient extrême, rho mais non puisqu’il n’est pas extrême… tout cela me semble bien confus. L’affiche semble même avoir oublié ce slogan étrange pour le traditionnel « debout la France » des piles de ponts en béton.

Figure de style : Oxymore

Conclusion : slogan non identifié, le candidat semble plutôt se raccrocher à son slogan de parti qu’à un slogan de campagne preuve probable d’une opération de communication pour un parti qui cherche à exister plus qu’à gouverner

 

Marine Le Pen : « Au nom du Peuple »

Si le mot peuple permet de faire le lien entre les extrêmes des deux bords, le mot reste récurrent puisqu’il était déjà présent dans le slogan s’il y a 5 ans. Que dit-il ? Rien du tout ! élu au nom du peuple, agissant au nom du peuple, parlant au nom du peuple ? On n’en sait rien et peut être est bien le sens voulu ! A vrai dire ce slogan m’inquiète plus qu’autre chose puisqu’il ne donne aucun indice sur le contenu de l’action et qu’en revanche il semble s’autoproclamer en droit d’agir comme bon lui semble puisqu’il aurait la légitimité du peuple pour le faire. Tant d’atrocités ont été commises au nom du peuple… De la part du parti qui sera très probablement en tête le soir du premier tour, cela sonne presque comme un avertissement.

Figure de style : Ellipse

Conclusion : très puissant, probablement l’un des mieux trouvé et pourtant cela ne fait qu’augmenter mes craintes !

 

François Asselineau «"Le parti qui monte malgré le silence des médias" / "Le candidat du Frexit"»

Amis conspirationnistes venez semble nous dire le premier slogan. Ce candidat semble cibler dès le slogan son programme : la sortie de l’union européenne. Pour un candidat qui ne va pratiquement pas avoir de couverture médiatique finalement ce n’est pas si bête de faire passer le message !

Figure de style : Personnification

grand présent des affiches de piles de pont, ce candidat cherche probablement à exister croit il en ce qu'il dit ?

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