Quelle émotion ! Je voudrais vous faire part d’un conte qu’il m’a été donné de vivre sur notre terre.

Tout commence avec un téléfilm américain mettant en scène un président des Etats-Unis Noir. Une fiction comme tant de gens les aime avec de l’émotion, du suspense, des gentils et des méchants, des traitres et des honnêtes... Bien sûr comme dans tant de fictions le noir président est un gentil honnête, il faut bien çà pour changer petit à petit l’esprit de tant d’Américains qui ressentent toujours comme une traitrise la promesse de liberté faite à la communauté noire par les Nordistes pour mieux vaincre les Sudistes… Une vraie chouette fiction. Et puis les choses deviennent floues, on ne sait plus trop bien si l’on est toujours dans la fiction ou dans la réalité, voire dans la téléréalité, tant l’objet média s’empare du phénomène. Pour une primaire voilà que les démocrates en viennent à devoir choisir entre une femme et un noir. Quand on lit les médias il n’y a pas vraiment de différence de programme, il est vrai que lorsque l’on nous reporte les propos des candidats, on n’en voit pas beaucoup, de programme. Dans l’autre camp l’histoire est belle et implacable : qui pourrait venir à bout du héros de la guerre du Viet Nam au service de la patrie.

Décidément les ingrédients sont là, la fiction promet d’être belle ! Côté démocrate les médias ont évolué depuis leur attentisme du début, entre la femme et le noir, il faut le meilleur scénario. Pour çà il faut chercher ailleurs, l’une a déjà été au pouvoir et possède un tempérament marqué, l’autre est un inconnu n’ayant pratiquement rien fait de significatif dans sa carrière politique. Le chouchou du scénario sera donc vite trouvé entre une personne potentiellement dangereuse et un puceau. Pour un scénariste de téléréalité il faut tenir le plus longtemps possible la dangereuse pour rendre la victoire du « naïf » contrôlé par la prod encore plus belle. Les ficelles du scénario sont faciles mais çà marche, donc pourquoi changer. Quelle belle histoire que celle d’un noir dans la patrie de la liberté devenant le premier homme. Quel symbole ! Mais la ficelle est tout de même grosse, il faudrait un petit coup de pouce pour que le héros créé par la production de la fiction ne change pas et que la prod ne décide pas de changer de héros pour mieux détruire celui qu’elle a créé.

Là est la seule action que va faire le comédien nommé Obama, celle qui scellera sa victoire : Plutôt que d’utiliser le financement officiel qui ne lui offre pas une avance substantielle sur ses adversaires le comédien candidat va profiter de la vague médiatique pour faire un financement privé de sa campagne permettant de faire sauter le verrou financier. Comment ne pas adhérer à l’argument officiel de non utilisation de l’argent du contribuable ? Décidément cette campagne est cousue de fil blanc ! De la sorte avec un pouvoir financier plus de trois fois supérieur à celui de ses concurrents, le comédien candidat va remercier la production qui l’a créé en dépensant en publicité encore et encore pour une omniprésence positive médiatique.

Le premier épisode est passé il est investi, le suspense fut merveilleux et la perdante belle, ce premier épisode fut tellement enthousiasmant qu’on en oublierait qu’un autre épisode arrive ensuite. Car on a oublié cet autre concurrent héros de la guerre ! Souvenez vous pourtant celui qui a servi sa patrie d’abord à l’armée puis dans une carrière politique exemplaire. Vous vous souvenez du Watergate de Nixon ? Vous savez : lorsque le libéralisme était tel que pour être élu président des Etats-Unis c’était la course au financement, ce qui valait de nombreuses dérives… Notre héros de la patrie faisait partie d’une commission qui avait permis le financement des campagnes par l’Etat en échange de contrôles et d’un plafond pour éviter que la course au président soit la course de celui étant soutenu par le plus de lobbies derrière lui … Difficile de fait aujourd’hui de revenir en arrière et de suivre Obama dans sa course à l’argent pour la Maison Blanche !

Les scénaristes sont ravis leur candidat culmine en tête. Pas question de parler politique, projet ou tout autre chose concrète qui mettrait leur candidat en difficulté, au contraire il faut faire rêver, parler mythe, parler grandes idées. Le comédien candidat Obama fait çà à merveille et la prod démultiplie les propos pour faire germer le « rêve américain ». Face à la déferlante idéologique Mc Cain tente de parler politique et orientation du pays, mais avec des moyens publicitaires trois fois inférieurs il est difficile de faire passer un message, son discours se noie. Alors comme dans toute bonne fiction il faut le coup de poker. Mc Cain nous en joue un somptueux avec la nomination du tandem : il faut tenter d’attirer la production de la fiction pour tenter de leur faire changer le scénario. Pour çà il reprend les caractéristiques de son adversaire : une vierge en politique ayant la capacité d’attirer le regard de la prod. L’effet est fulgurant, en deux semaines l’Amérique change d’idée et Mc Cain pour la première fois devient favori. Les projecteurs sont versatiles et efficaces, Obama est désemparé par cette attaque qu’il n’attendait pas : le voilà attaqué dans son point fort. Son vice candidat parait bien fade et commet bourdes sur bourdes… Fort heureusement pour notre héros, il détient le pouvoir de l’argent et après quelques semaines seulement, les médias producteurs de la fiction vont devoir choisir leur camp. A ce moment de la fiction, entre celui qui dispose des ressources pour sortir les médias d’une possible diminution des recettes publicitaires en pleine crise financière et une brave femme puritaine le choix est vite vu. Il va falloir tirer à boulets rouges sur celle qui fait de l’ombre au champion. Il ne faut bien sûr toujours pas parler politique, ce qui affaiblirait leur comédien candidat mais plutôt démolir celle qui fait de l’ombre au candidat de la prod.

Le second épisode s’arrête sur ces entrefaites : celui qui était donné comme favori va-t-il inverser la tendance soudainement contre lui ? Le troisième épisode commence sur des délations et autres réjouissances, pour ternir l’image de la source de leur problème la prod va faire une magnifique campagne d’information sur des délits d’initiés et autres magouilles de la trouble fête jetée sur la route triomphale voulue par les scénaristes. L’effet est dévastateur : lorsqu’on est dans l’ombre, faire des bourdes ne pose pas de problème (le vice président d’obama le prouve bien lui qui les enchaine dont la dernière en date est de dire qu’il n’est pas un bon vice président ! mais ce n’est pas grave il est dans l’ombre), lorsque l’on est sous les projecteurs, l’opinion publique prouve qu’elle est aussi versatile que la caméra.

A ce stade l’issue est certaine, l’échéance approche. Le chouchou des scénaristes les remercie par une demi-heure simultanée en prime time d’achat d’espace publicitaire. Il faut un peu de pathos, alors la mort de la grand-mère du candidat quelques jours avant le vote est du meilleur effet (même si sur ce coup là ce doit plutôt faire partie des accidents de scénario que du calcul…), rien de plus prenant qu’une larme. Le blanchiment des accusations le jour du vote arrive bien trop tard pour la colistière du héro de la guerre : il sera battu.

Fin du troisième épisode.

Le héros a gagné, son adversaire n’a pas été entendu. Je suis heureux car le mythe américain est en marche et la justice est faite, un noir à la tête des états quel symbole ! Et puis de toutes façons ses adversaires n’avaient pas de projet, les médias nous l’ont tant de fois répété.

Après quelques nuits je repense à la fiction et un doute m’assaille. Comment ses adversaires auraient ils pu être entendus avec trois fois moins de temps de parole ? Il me semble avoir entendu des propositions concrètes de la part du camp adverse contrairement à ce que m’ont dit les médias alors que je n’ai entendu que du rêve de la bouche de monsieur le président… Et si en fait ce président n’avait été élu que grâce au pouvoir de l’argent ? J’apprends que les grands donateurs d’Obama sont les financiers et les juristes ? Ces financiers qui ont justement mis les équilibres en danger en jouant un monde idéal sans risque seront remerciés de leur soutien par le président. Je ne suis pas naïf tout de même ! Aurai-je été abusé ?

De fait je vois déjà le quatrième épisode de la fiction venir : le désamour des scénaristes pour leur idole. Après la construction d’un mythe il va bien falloir le tuer ce mythe…Bien sur çà ne sera pas immédiat il est dit dans le coran qu’il faut manger dans la main de celui que tu ne peux pas vaincre, et sur bien des méthodes je dois avouer que la gestion de l’Amérique me fait penser au Coran. Les médias attendront donc le moment propice pour précipiter la chute de l’idole qu’elles auront créée. Pathos et audimat garantis…

Triste spectacle que de voir ce monde dominé par le plus sommaire ultra-libéralisme cynique faisant tant de victimes, car je plains sincèrement Obama qui est une future victime. Quand je pense que les journaux de la gauche Française ont vu en cette victoire de l’argent celle de l’humanisme, quand je vois que la seule chose que l’on a entendu à la fin de l’épisode 3 de la fiction c’est : quel moment historique nous avons un président noir. Venait ensuite pour les plus honnêtes le propos qu’on n’avait aucune idée finalement s’il serait bon mais que tout de même ce candidat était plus beau que l’autre (sic)…

Je rêvais d’un monde sans aucune marque de racisme et de discrimination, j’ai vu se profiler et maintenant dominer celui de la « discrimination positive ». Je pleure à la fin de la fiction, la boule au ventre. Maintenant comment savoir que c’était une fiction ? Simple : dans la réalité la déréglementation qui a permis aux banques de créer les montages qu’elles ont créé sans contreparties en fonds propres significative n’a pas été faite par Bush Junior comme on l’a entendu pendant la campagne de la fiction mais par un président démocrate soutenu par les lobbies financiers dénommé Bill… Que cette fiction était prenante et bien réalisée, heureusement que ce n’était qu’une fiction !

Fiction Mondiale