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Réintégration Lefévriste : Dérive ou Ouverture ?

26 Janvier 2009 , Rédigé par RGR Publié dans #Petites Pensées de vie

Alors que se termine la semaine pour l’unité des chrétiens, nous apprenons que les évêques de la Fraternité Saint Pie X qui avaient été excommuniés se retrouvent réintégrés. Que pouvons-nous comprendre ?

 

La Fraternité Saint Pie X (FSPX) est une société créée en 1970 en Suisse, dont les fondements avaient été approuvés par le Saint Siège. Les statuts (site officiel) : L'obtention de la sanctification aujourd'hui se réalise dans un monde qui s'y oppose par des erreurs et des hérésies subtiles, introduites dans tous les milieux catholiques sous le nom de modernisme.

Or le Pape Saint Pie X a été béatifié pour avoir courageusement dénoncé des erreurs modernes et montré l'exemple de la sainteté dans la fermeté de la doctrine, la pureté des mœurs et la dévotion au Sacrifice eucharistique.

Ce Saint Pape est donc tout indiqué pour être le modèle des âmes désireuses de se sanctifier à notre époque.

 

Alors dérive extrémiste ou ouverture salvatrice ?

 

Dans la famille des « Chrétiens » on ne compte plus les schismes et les courants qui en ont dérivés. Au-delà des 3 courants visibles (catholiques, protestants et orthodoxes), il y a une multitude d'Eglises faisant partie de l’iceberg. Certaines sont reconnues par les autorités, d’autres en marge mais à la limite, les dernières sont bannies, marquées de l’anathème et s’excommunient mutuellement. Citons entre autres : l’église vieille catholique naissant après Vatican I, les Mariavites en Pologne occupée, les cathares, l’Eglise Philippine indépendante (révolution philippine), les Eglises non éphésiennes (second concile), les Eglises des 3 conciles, les Eglises des 7 conciles, les Sédévacantistes  (après Pie XII) ou leur dérivés Sédéprivatistes … Souvent des schismes surviennent après un concile ou une élection, certains groupes refusant d’accepter l’évolution dogmatique qui en découle.


Ainsi va naître la Fraternité saint Pie X, portée par Mgr Lefèvre, refusant les évolutions libérales de Vatican II. Comme souvent au début, on s’arrange. Mais après quelques années l’évêque nomme d’autres évêques sans accord papal ce qui implique schisme et excommunication. Les statuts fidèlement transcrits ci-dessus vont en ce sens, la FSPX défend le catholicisme « véritable » non imprégné du modernisme : attitude qui revient à se rapprocher du protestantisme et donc de l’hérésie.

 

La sanctification est l’objectif de ce groupe, comme nombre d’autres comme le médiatique Opus Dei. Les moyens pour y parvenir font apparaitre de nombreuses similitudes, notamment sur la pratique quotidienne (communion chapelet, messe latine hebdomadaire, pénitence et abstinence mensuelle, retraite bisannuelle, abstinence et jeûne, pas de télévision, pas de participation à des rituels post Vatican II sous peine d’acquérir un « esprit protestant »). Du classique donc ! La première ouverture papale en 2007 d’autoriser les messes en latin pouvait laisser voir la réintégration du mouvement, la récente levée des excommunications poursuivent cette ouverture de l’Eglise vis-à-vis d’une brebis égarée. Il est en ce sens assez remarquable de constater que l’Eglise, contrairement à son passé, a plutôt tendance à adoucir les angles tandis qu’il y a quelques siècles les procès de la Sainte Inquisition fleurissaient. Ouverture et tolérance semblent donc prédominer.

 

Pourtant regardons de plus près. La FSPX est tout sauf tolérante, elle-même a banni des membres qui tendaient vers le sédévacantisme. En revanche rien n’a été signalé lorsque mêlant politique et religion, des membres sous la haute protection d’un haut dignitaire font un pèlerinage sur la tombe du maréchal Pétain (2007), disent que le Front National est « le parti le moins éloigné du droit naturel » (2004), ou encore font du négationnisme (chambres à gaz) (2009). En revanche, la FSPX se fait vaillante promotrice de l’encyclique Evangelium vitae, bien que postérieure à Vatican II (1992). De plus, nombre de ses membres préfèrent les opérations coups de poing (occupation d’églises ou de parvis) à des solutions proposées par ailleurs. De fait, l’Eglise catholique est en train de réintégrer un groupe qui justement la maudit et refuse toute l’évolution « progressiste » et le dialogue inter confessions. Etrange paradoxe ! Pourquoi alors ce geste d'ouverture face à une église à la carte qui prend certaines choses et en rejette d'autres ? Certains affirment que les raisons sont autres que dogmatiques : ces groupuscules extrémistes vivent bien. Leurs églises sont pleines tandis que les traditionnelles se vident, qu’il y a chez eux des vocations tandis que l’Eglise désespère de la déchristianisation de l’Europe et du manque de prêtres, voire que pour combattre l’Islam il faut retrouver l’unité.

 

De fait, cette ouverture à priori preuve de tolérance et d'envie d'unité au delà d'écarts d'intreprétations devient calculée et politique. Il s’agit en quelque sorte de combattre l'érosion de la foi par l’extrémisme. Cette situation m’inspire le désaveu de vraies politiques d’ouverture en religion. En effet il ne s’agit pas de dire « laissons nos différends de côté car au final notre idéal est similaire », mais plutôt réunissons nous car nous avons un ennemi à combattre (au choix, l’Islam, la société infidèle, la déchristianisation, l’érosion de notre influence…) au delà de nos propres querelles. Dire que cela ne règle rien est une évidence ; pire, pour qui réfléchit cette attitude affaiblit un message ou une doctrine par un soutien à tout et son contraire.

La réintégration de la FSPX est donc sans l’ombre d’un doute une dérive extrémiste d’une Eglise catholique cherchant à retrouver un lustre perdu. Un courant interne, voyant dans le passé l'idéal catholique, essaye d’y revenir et s’imagine que des problématiques modernes trouvent leurs solutions dans la rigueur du passé. Ils voient en la tolérance la source de leur mal, de leur affaiblissement et du mal de ce monde (un comble pour une doctrine inspirée du message Christique). Dire aujourd’hui si cette « ouverture » est salvatrice relève de la boule de cristal. En effet ce serait jouer au devin que de prédire les évolutions que l’église connaitra par ce retour au passé extrémiste. En revanche une chose est sûre : l’Eglise catholique peut peut-être retrouver un dynamisme par ces actions, mais la quintessence de son message loin d’exigences politiques, de consensus humains et d’enjeux de pouvoir, n'en sortira pas indemne. L’agape divin ne sera certainement pas sur ce chemin…

                                         

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